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Comment on est arrivé là ? Au cœur du conflit familial

Dernière mise à jour : 29 août 2021


Photo par Tamara Gak sur Unsplash


John Gottman, le statisticien du conflit familial, note que deux tiers des conflits maritaux concernent des sujets perpétuels[1] sur lesquels les opinions des conjoints ne concorderont peut-être jamais. Il se peut que même après cinquante ans de mariage, un partenaire soit habituellement en retard et l’autre veuille arriver tôt. Les aléas de la vie et même les événements heureux mettent une pression inouïe sur la relation de couple. Dans l’espace de trois ans après l’arrivée du premier enfant, deux tiers des couples sombrent dans l’insatisfaction maritale et l’hostilité[2].


D’autres auteurs, tels la professeure canadienne Sue Johnson, pensent que le sujet du conflit est de moindre importance que ce qui se passe entre les conjoints. A son avis, des questions essentielles sous-tendent les disputes concernant l’argent, les tâches ménagères, l'éducation des enfants ou le temps passé sur les médias sociaux. Les conjoints se posent ces questions en permanence : Est-ce que tu es là pour moi ? Puis-je compter sur toi ? Puis-je avoir confiance en toi ?[3] Si la réponse tarde ou est perçue comme négative, surgit la peur de perdre la relation. Cette peur déséquilibre la personne car le cerveau semble interpréter le rejet de la même manière que la douleur physique. Sue Johnson cite une étude d’imagerie par résonance magnétique qui montre que le rejet et l’exclusion déclenchent des circuits dans une zone du cerveau impliquée aussi dans la douleur physique. Cette peur de rejet empêche certains d’entre nous de l’affronter, d’en parler et de demander du réconfort auprès de son conjoint. On ne sait pas d’avance si l’autre apprécie cette vulnérabilité. Il ou elle pourra peut-être en profiter pour régler des comptes. Alors, les conjoints essaient des stratégies détournées pour se reconnecter. La peur de perdre la relation pousse Marie à obtenir une réponse de Jean à tout prix, même en le poursuivant et le critiquant. Pour elle, une réponse est mieux que rien. Mais Jean, accablé par les blâmes qui lui rappellent l'échec de ses efforts de faire plaisir à Marie peut se retirer physiquement et émotionnellement. C’est exactement ce que Marie voulait éviter et qui maintenant interprète le retrait comme abandon. Pour elle, c’est difficile à comprendre que Jean part pour se ressourcer et pour ne pas nuire davantage à la relation. Et comme une boucle sans condition de sortie, les critiques, les silences et les retraits se répètent à chaque itération de plus en plus vite. Il arrive qu’après avoir essayé longtemps de se reconnecter, les deux conjoints se retirent et perdent leur lien affectif.


La médiation familiale remplit un rôle essentiel, puisque proposer aux parents un espace où verbaliser le conflit, l’élaborer et l’apaiser, "peut être déterminant des relations futures au sein de la famille entre les parents et entre parents et enfants" (Marc Juston, médiateur et magistrat honoraire).


[1]Gottman, J, Gottman, J “The Natural Principles of Love, Journal of Family Theory & Review 9”, (Mars 2017): 7–26 https://www.johngottman.net/wp-content/uploads/2011/05/The-Natural-Principles-of-Love.pdf

[2] Ibid., p. 10.

[3] Jonhson, S, Sanderfer, K (2016) Created for Connection. The “Hold Me Tight” Guide for Christian Couples, Little, Brown and Company.

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